MON HISTOIRE AVEC RUDY KAMAN...

 

            

 

 

                   Mon histoire avec Kaman remonte assez loin. C'est une sorte de fatalité dans ma vie : les hommes auxquels je suis le plus fidèle sont ceux que je ne connais pas . Rudy Kaman est un cas à part et en plus, il est très économique. Je m'explique.

                           Ma première économie c'est qu'un jour il a offert à mon ami de l'époque 100 de ses chansons. Dix Cd, pleins de son talent! Le découvrir ne m'a donc pas coûté un  centime.

                           Mais Rudy Kaman, c'est quoi? C'est qui?

                           Kaman, ça ne me rappelle personne, si ce n'est Kaman. Quand Laura tire ses guenilles du couloir des nuages, quand sur les murs de graves pierres il dit ne pas avoir mis de volets, ça me fait toujours frémir d'un bout de plaisir nouveau parce qu’il ne s'y lie rien, que des images qui transitent de moi à moi. La musique du purificateur, c'est une Atlantide du troisième millénaire, effondrée de désespoir, rongée de flotte. Celle de Libre une marche guerrière, féroce, qui dissimulerait une baston entre bandes rivales, avec un pauvre type pris au milieu. Finalement c'est une réserve de chansons à mettre en images au gré de ma fantaisie non militaire.

                           Rudy Kaman, ça s'écoute et ça s'entend. Quand je l'entends, je sais que j'écris, que je mens, que je m'en vais, que je fonds de rage ou que je me noie dans une tendresse presque confuse d'être là. Quand je l'écoute, je sais qu'il chante, qu'il s'en va, qu'il se fond de rage ou qu'il se noie dans une tendresse presque confuse de se trouver là.

                           Ma troisième économie découle de mon tempérament un brin obsessionnel et massivement paresseux. J'oubliais de préciser : mon aversion pour la mièvrerie, qu'elle soit musicale ou littéraire, est de type allergique. Portrait des lieux : mon bureau est situé à quinze mètres de la chaîne télécommandée, ça fait loin. La dite chaîne comporte trois plateaux de CD. Après pas mal de tentatives infructueuses (la responsabilité revenant à un mode d'emploi dont la traduction du japonais confine au surréalisme), j'ai réussi à la faire tourner en boucle. Vous en connaissez beaucoup vous des chansons supportables pendant quinze heures d'affilée ?

                           Autre économie : trois plateaux de CD donc. La musique, c'est un peu comme les couleurs, ça ne se mélange pas n'importe comment. Les nuances Kaman se marient parfaitement avec toutes celles que j'aime et supporte de lourdes exigeantes mitoyennetés. Ah, j'oubliais, cinquième et dernière économie : depuis le début, combien d'emballages en Cellophane à recycler avons nous épargné ?

 

christinemichel@wanadoo.fr